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dimanche 4 décembre 2011

Beaux-Arts : faut que ça bouge !

Beaux-Arts : faut que ça bouge !
http://www.telerama.fr/scenes/

 ENQUÊTE

Le 2 décembre 2011

Parmi les écoles des beaux-arts, celle de Paris peine à se réformer. Enquête, à l'occasion de Start, le salon des formations artistiques et culturelles (3 et 4 décembre à Paris).



A l'Ecole des beaux-arts de Paris (ENSBA). Photos Léa Crespi pour Télérama
Tandis que sous nos pieds craque un auguste plancher, autour de nous se déploie l'élégance classique des hauts lieux du pouvoir français : lustre, lambris, miroirs et dorures. Sommes-nous à Versailles, à l'Elysée ? Dans le bureau du directeur de l'Ecole des beaux-arts de Paris (ENSBA). Une personnalité certes stratégique, et nommée par le président de la République - mais tout de même : le cadre a quelque chose de... décalé. Aux murs, deux oeuvres d'Annette Messager et de Patrick Faigenbaum sont toutefois là pour l'assurer : malgré ses allures d'annexe du ministère de la Culture, la prestigieuse maison (héritière de l'Académie royale de peinture et de sculpture créée par Louis XIV en 1648) veut continuer de vibrer d'audace et de vitalité (Delacroix ou Matisse n'en ont-ils pas fréquenté les ateliers ?). Et entend bien rester le coeur névralgique de la création nationale : un laboratoire du genre explosif, un lieu d'expérimentation d'où sortent les artistes qui demain assureront le prestige de la France à l'étranger.
« Dès qu'ils arrivent, nos étudiants prennent conscience du privilège qu'il y a à travailler dans un cadre aussi fabuleux - même si, c'est vrai, il y fait un peu froid en hiver... » insiste, fier et souriant, Tanguy Grard, le responsable communication de l'ENSBA, lors de la visite quasi touristique qu'il nous propose du célèbre palais d'études, situé à trois pas de Saint-Germain-des-Prés. Mais n'est-ce pas là précisément le hic ? Cette double dimension, patrimoniale et institutionnelle, ne finit-elle pas par être encombrante pour les quelque cinq cent cinquante jeunes créateurs - dûment sélectionnés et assurés d'être les meilleurs - qui s'efforcent de trouver ici leur propre voix pendant les cinq années de leur scolarité ?
En coulisse, le petit monde de l'art français s'accorde en tout cas sur ce constat : il existe un « style Beaux-Arts de Paris », qui, loin de se distinguer par son esprit nouveau, brille surtout par son académisme - « un côté attendu qu'il faudrait absolument éradiquer », estime Eric Dupont, fondateur de la galerie du même nom, à Paris. Ce que confirme d'ailleurs l'exposition en cours à l'ENSBA, « 2001-2011 : Soudain, déjà », sorte de bilan de la création artistique de l'école ces dix dernières années... Et que dire de la scène internationale, qui s'obstine à bouder la France depuis plusieurs décennies - même si la rengaine doit être nuancée -, laissant la part belle aux Allemands, aux Américains et aux Anglais ? Pour l'artiste Pascal Convert, lui-même conseiller artistique de l'école supérieure d'art des Rocailles, à Biarritz, la solution est simple : « Il faut raser les Beaux-Arts de Paris ! »
Une boutade, bien sûr, une provocation. Mais qui en dit long. Conscient de cette tendance à l'institutionnalisation - une sorte de confinement, d'autosatisfaction ? -, Henry-Claude Cousseau, l'ex-directeur de l'ENSBA, qui vient de céder sa place à Nicolas Bourriaud, nommé le 31 octobre, a eu à coeur de moderniser coûte que coûte la vénérable académie, dès son entrée en fonction, en septembre 2000. Derrière ses airs de conservateur du patrimoine un peu sévère, ce fonctionnaire de l'Etat a beaucoup fait, mine de rien, pour inscrire dans son époque, celle d'un marché de l'art hyper concurrentiel et mondialisé, « le no man's land bohème, ayant gardé sa physionomie à l'ancienne », qu'était l'école à son arrivée.

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Au diable Louis XIV...
Ouverture à l'international et à l'interdisciplinarité, multiplication des évaluations en cours de cursus, apprentissage d'un esprit d'analyse, de synthèse et d'efficacité ont selon lui « complètement requalifié ce lieu historique » resté endormi sur ses lauriers. La faute au purisme que l'école a toujours cultivé, refusant de s'ouvrir à d'autres filières (design, communication...) ? L'ultime étape de la métamorphose à marche forcée voulue par Cousseau fut en tout cas la création, en 2009, d'une annexe de l'ENSBA en plein quartier des puces, à Saint-Ouen : un espace de 800 mètres carrés vierge de tout lambris doré, accueillant cinq ateliers liés à la sculpture et au volume, au rez-de-chaussée d'un bâtiment industriel. « Tous les étudiants sont obligés, au moins une fois au cours de leur scolarité, de quitter le cocon du 6e pour aller s'y frotter », garantit Henry-Claude Cousseau. Qui ajoute : « Ils font à Saint-Ouen l'expérience éclairante d'un tout autre monde, qui s'avère d'une richesse insoupçonnée. C'est une ouverture à la vie contemporaine, si vous voulez. »
Une ouverture, en effet... Un petit aperçu... qui laisse surtout percevoir l'étendue du malentendu. Faut-il donc que l'ENSBA soit à ce point déconnectée pour qu'elle découvre à Saint-Ouen « un autre monde », qui plus est « d'une richesse insoupçonnée » ? « Les racines d'une telle inadéquation sont historiques, elles datent de l'après-guerre, reprend l'artiste Pascal Convert. Au lieu de se remettre en question, après la défaite de 1940 et le régime de Vichy, la France est repartie sur sa gloire passée, refusant d'admettre que les Américains l'avaient balayée, et que c'est à New York que se jouait la scène artistique désormais. Dans cet aveuglement, les écoles d'art ont eu leur part de responsabilité. En Allemagne au contraire, les bombardements alliés ayant fait table rase, les artistes se sont colletés avec leur histoire et sa transmission. Aujourd'hui encore, cette histoire récente est partout présente dans le paysage urbain - c'est pour cela qu'ils sont aussi synchrones avec leur époque. Nous, en bas de chez nous, on a le Grand Palais. »
Le Grand Palais ou, dans le même esprit, les Beaux-Arts de Paris. Car, en province, le réseau des quelque cinquante écoles supérieures d'art (qui, par souci de modernité, ont pour la majorité d'entre elles laissé tomber le titre de « beaux-arts », jugé trop ronflant) a entamé dès les années 1970, dans la foulée de Mai 68, un profond processus de réforme. Lequel l'a conduit, en particulier, à remettre en cause la tradition pédagogique de l'enseignement en atelier (qui confère toute autorité à un « maître », dont les élèves tendent à être les « disciples »), pour lui préférer un enseignement collégial et transversal. Seule en France, l'ENSBA s'est retrouvée à incarner l'esprit « Académie des beaux-arts ». Au risque du mimétisme et de l'inhibition : de jeunes clones de Boltanski furent certes nombreux à sortir de la grande école ces dernières années, mais des personnalités singulières à l'oeuvre d'avant-garde ?
Le magazine Beaux-Arts a donc fini par oser : dans son « Classement des dix meilleures écoles d'art » établi en mars dernier, l'ENSBA n'arrive qu'en quatrième position, la première place, qui a priori aurait dû lui revenir, allant aux beaux-arts de Lyon. Crime de lèse-majesté ? Non, principe de réalité : installée depuis 2007 sur le superbe site des Subsistances, en bord de Saône, l'école, dirigée ces dix dernières années par Yves Robert (à la tête désormais de la Villa Arson, lire encadré), est tout simplement devenue celle qui, en France, forme aujourd'hui le plus grand nombre d'artistes. Alors que seuls 10 % en moyenne des diplômés d'écoles d'art épousent à proprement parler cette vocation - la majorité des étudiants s'orientant au final vers l'ingénierie culturelle, le webdesign, la création audiovisuelle ou l'événementiel -, les beaux-arts de Lyon doublent cette proportion en atteignant les 20 %. « Du jamais-vu en France depuis Napoléon III », constate l'artiste Bernhard Rüdiger, qui y enseigne.
... mais gare au star-system
Au vu de ce tableau, on aurait pu s'attendre à ce que les Beaux-Arts de Paris se félicitent de l'arrivée de Nicolas Bourriaud à leur tête. Agé de 46 ans, l'ex-cofondateur du Palais de Tokyo et ancien conservateur à la Tate Britain de Londres aurait dû, avec son style et son réseau, et surtout son ambition affichée de longue date de faire des Beaux-Arts de Paris un lieu unique au monde, susciter l'enthousiasme de l'institution. Ce fut le contraire : avec pour slogan « Tout sauf Bourriaud », étudiants et enseignants de l'ENSBA ont manifesté un rejet de ce profil jugé trop politique et partisan.
Il est vrai qu'à la tête du Palais de Tokyo (1999-2006), l'homme d'influence favorisa l'émergence de la génération des Xavier Veilhan, Dominique Gonzalez-Foerster, Philippe Parreno ou Pierre Joseph. Adeptes d'une « esthétique relationnelle » (fondée sur des dispositifs participatifs où le public est sollicité), ces derniers sont certes devenus les ambassadeurs de l'art contemporain français à l'international. Mais ils furent d'abord et avant tout les dépositaires des goûts de Bourriaud lui-même - au détriment d'autres approches artistiques. Tel est du moins le procès que l'on fait au jeune « visionnaire », qui, à la tête de l'ENSBA, devra veiller à ne pas imposer ses choix de façon trop autoritaire. Et à ne pas chercher à vouloir à tout prix, pressé par un monde de l'art français malade de son complexe d'infériorité, faire émerger une nouvelle génération d'artistes-stars destinée à rehausser l'image de la France à l'étranger.
« Un désastre possible serait de penser une école comme une fabrique d'artistes bons pour le marché international de l'art, en survalorisant quelques élèves susceptibles de frapper un grand coup », met en garde le critique Tristan Trémeau, enseignant aux beaux-arts de Tours (et auteur de In art we trust, L'art au risque de son économie ). Un peu à la manière des YBAs, presque tous sortis du Goldsmiths College de Londres. De ces « Young British Artists » (les Damien Hirst ou Tracey Emin, à l'esthétique trash et spectaculaire), Tony Blair avait fait une sorte de label, une véritable arme politique et économique à la fin des années 1990. « Sauf que l'on a vu récemment en France à quoi une telle logique de coaching pédagogique dès l'école pouvait mener, rappelle Trémeau. Le plasticien Loris Gréaud ou le minimaliste Cyprien Gaillard, après avoir été portés au pinacle de façon quasi obscène, ont été démolis par la critique. »
Car c'est là une des caractéristiques de la scène française : son esprit critique, hérité du siècle des Lumières. Une particularité qui se transmet dès les écoles d'art, et qui, selon l'artiste Philippe Lepeut, enseignant à l'Ecole supérieure des arts décoratifs de Strasbourg, « empêchera toujours n'importe quel Français de produire un crâne de diamants à la Damien Hirst ». En France, poursuit-il, « on propose un enseignement très érudit, fin et savant, qui produit des artistes cultivés pratiquant un art intellectuel et littéraire, un art "conceptuel" dans la lignée de Marcel Duchamp. Or c'est précisément cet aspect cérébral qui exaspère les Américains ».Si l'on y ajoute une méfiance viscérale et d'ailleurs revendiquée à l'égard du marché, qui, là aussi, se transmet dans le système d'enseignement (où l'on continue d'encourager les étudiants à se rendre de préférence dans les musées plutôt que dans les galeries, perçues comme des suppôts de Satan), on comprend que l'art français ait du mal à « se vendre ».

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Le maître mot : "professionnalisation"
Le ministère de la Culture n'en veille pas moins au grain, qui a demandé à l'ENSBA de se doter, en 2010, d'un « observatoire des diplômés » destiné, sur le modèle des grandes écoles de type Polytechnique, à mesurer l'insertion professionnelle des ex-étudiants sortis du « cocon ». Une tendance à la « professionnalisation » du système « totalement nouvelle dans les écoles d'art »,souligne Henry-Claude Cousseau, et qui devrait, dans les prochaines années, conduire le réseau des écoles d'art françaises, publiques et gratuites, à chercher de plus en plus l'efficacité. En se tournant notamment vers le privé pour y trouver de nouvelles sources de financement. « Nous n'avons pas le choix : pour préserver la qualité de notre enseignement, il va nous falloir aller vers des clubs de partenaires ou des fonds de dotation, comme à l'étranger », affirme Emmanuel Tibloux, le tout nouveau directeur des beaux-arts de Lyon - un jeune énarque ne manquant pas, lui non plus, d'ambition pour son école.
Recourir au privé pour, par exemple, mieux convaincre les artistes internationaux et les professeurs d'envergure de faire le déplacement jusqu'à nous ? Certes, l'ENSBA peut se prévaloir d'accueillir déjà le Japonais Tadashi Kawamata ou l'Anglo-Canadien Tony Brown. Mais ne s'en trouve pas moins entravée par cette autre caractéristique des écoles d'art françaises : elles rémunèrent trois fois moins que leurs voisines européennes les enseignants étrangers. Autant dire qu'elles se tirent une balle dans le pied, dès lors qu'elles visent l'excellence : comment pourraient-elles prétendre, dans de telles conditions, attirer un jour le célèbre sculpteur anglais Tony Cragg, qui dirige aujourd'hui l'Académie de Düsseldorf ?
L'arrivée à l'ENSBA de Frédéric Jousset, nouveau président du conseil d'administration, également nommé par décret courant septembre, devrait changer la donne. Mécène et collectionneur d'art contemporain, le jeune entrepreneur de 41 ans présente, lui aussi, un réseau intéressant... « Nous sommes bien sur la même longueur d'ondes, c'est ce qui fait les bons binômes », assure Nicolas Bourriaud, auquel il tarde à présent de prendre possession de son bureau au style empesé :« Vous savez, il n'est pas besoin de tout casser pour changer l'atmosphère d'un lieu. Il suffit parfois d'un simple coup de spray... » 
Trois questions au directeur des beaux-arts de Paris
Un an et demi après votre retour de Londres, vous voici à la tête des Beaux-Arts de Paris. Comptez-vous vous inspirer de votre expérience à l'étranger ?
Nicolas Bourriaud :
 Mon maître mot sera « ouverture ». Je crois beaucoup en la diversité, culturelle ou tout simplement humaine. Si j'ai bien un désir pour le futur, c'est de multiplier les sons de cloches, venus d'ici ou d'ailleurs. Je souhaite en particulier développer l'attractivité internationale de l'ENSBA, faire d'elle un lieu de référence dans le monde entier. Le monde de l'art est en train de se recentrer sur l'enseignement : c'est par un réseau d'écoles puissantes, à commencer par les Beaux-Arts de Paris, que la scène française reconstituera son aura et son influence.
Vous ne manquez pas d'ambition...
N.B. :
 Je ne manque pas de rêves, et je compte bien les mettre en oeuvre avec mes équipes. L'idéal pour moi serait une République créative, où l'ENSBA serait l'équivalent de l'ENA. Il faut commencer par convaincre les pouvoirs politiques d'investir davantage dans les formations artistiques, leur faire comprendre que ces filières sont porteuses d'avenir. Prenez l'annexe de l'ENSBA à Saint-Ouen : ce site a un potentiel extraordinaire. Je compte bien le développer pour qu'il prenne toute son ampleur, notamment dans le cadre du projet Grand Paris.
De quel modèle d'école d'art souhaitez-vous vous inspirer ?µ
N.B. :
 Mais d'aucun en particulier ! Le modèle, il s'agit de le créer : c'est l'ENSBA qui doit être un modèle, et qui possède d'ores et déjà les atouts pour devenir un véritable écosystème, avec une colonne vertébrale constituée des pôles pédagogie, exposition, programmation culturelle et édition. Grâce à cette synergie productive, les étudiants auront toutes les clés pour accéder à leur vérité esthétique.

Lorraine Rossignol

Télérama n° 3229
Le 2 décembre 2011
Le Start, au Centquatre, 5, rue Curial, Paris 19e. Les samedi 3 (de 11h à 20h) et dimanche 4 décembre (de 11h à 18h). Entrée gratuite. Possibilité de construire son propre parcours sur mesure et d'imprimer son plan personnalisé sur www.le-start.com. Programme complet des conférences et des animations proposées également sur le site.

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