Expérience du son et du non-son

décembre 10th, 2011 → 8:00 


Anicroches. Variations, Choral et Fugue
Jusqu’au 19 février 2012
Espace culturel Louis Vuitton, 60 rue de Bassano 75008. Entrée libre
L’Espace culturel Louis Vuitton propose une expérience artistique inédite en mettant au coeur de sa nouvelle thématique la musique. Interactive, l’exposition « Anicroches. Variations, Choral et Fugue » demande la participation du visiteur qui découvre une autre approche des oeuvres plastiques.
Mon premier surprend. Mon deuxième est synonyme de diversité. Mon troisième incarne un tout. Mon quatrième représente une ligne de fuite. Mon tout est l’explication du titre de l’exposition!
Au gré du parcours, le visiteur se laisse surprendre par des oeuvres qui côtoient les domaines de la sculpture et des installations.
Ainsi de Wood Songs, de Su-Mei Tse (née en 1973 à Luxembourg), sorte de sous-bois composé de véritables souches, dont les tranches supérieures tournent sur elles-mêmes. Ces tourne-disques naturels orchestrent une variation, chacun à un rythme et un sens différent. Cette oeuvre mi-sculpture mi-installation, distillant un « son blanc » (le bruit ne sort pas du tourne-disque mais d’un haut-parleur au-dessus du sous-bois), annonce et synthétise à la fois l’ensemble des travaux exposés.
L’oeuvre suivante, Brass Space, Pavillon 1 (2011) de Thierry Mouillé (né en 1962 à Poitiers) relie différents corps de chasse en une architecture adaptée à la forme de l’espace. En face, une installation interactive invite le visiteur a appuyé sur des touches qui reproduisent les accords d’une basse et dont le support reproduit la formule chimique du LSD (d’où le titre de l’oeuvre: LSD Song).
L’oeuvre de Laurent Saksik (né en 1962 à Anthony) flirte encore avec l’architecture et l’installation. L’artiste conçoit une Lyre en s’inspirant du modèle du thérémine, « un des premiers instruments de musique électronique », précise Fabienne Fulchéri, commissaire de l’exposition. Deux modules composés de plaques en verre, soutenues par un cadre métallique, se rejoignent en un angle triangulaire. Un capteur de mouvement collé aux parois en verre provoque la diffusion de sons suivant les gestes des visiteurs. Ces derniers sont invités à interagir avec l’instrument en produisant du son sans y toucher et a joué entre eux à travers les 2 modules.
Autre oeuvre qui m’a marquée, celle (Sans titre, 2011) de Stéphane Vigny (né en 1977 au Mans). Il assemble des cymbales sur pied qui remplissent toute la salle.  » Voici donc ce qu’on appelle, à proprement parler, une pièce instrumentale. Autrement dit, un morceau d’espace habitable occupé entièrement par des corps sonores destinés originellement à être mis en oeuvre par des musiciens. Or, cette spatialisation, non du son mais bien de l’instrument du son, exclut de fait le joueur », commente David Zebib, philosophe et critique d’art. Non seulement les cymbales se permettent d’évincer leur musicien mais elles jouent seules, en une poétique vague ondulée, grâce à un petit moteur dissimulé!
L’exposition est appelée à évoluer au cours de sa durée. Des musiciens sont invités par Anri Sala (né en 1974 à Tirana, Albanie) à interagir avec son oeuvre. Un compositeur écrira une partition pour l’ensemble des oeuvres présentées et sera jouée à la fin de l’exposition.
Concert live, improvisation, écoute avec ou sans casque, « Anicroches » démultiplie l’approche plastique d’un volet musical. Et inversement.