Le Musée National du Moyen Age, la Galerie Nationale de Slovaquie et La Réunion des Musées Nationaux proposent, pour la rentrée muséale 2010-2011, une exposition exceptionnelle consacrée à "L'art en Slovaquie à la fin du Moyen Age".
Conçue par les commissaires Dušan Buran, conservateur à la Galerie Nationale de Slovaquie, Xavier Dectot, conservateur au Musée de Cluny et Jean-Christophe Ton-That chargé d'études documentaires au Musée de Cluny, elle présente une rigoureuse sélection de peintures, sculptures, enluminures et objets d'orfèvrerie essentiellement d'art sacré qui permettent de découvrir l'art méconnu d'un royaume, possession historique de la Hongrie avant d'être rattaché à la Tchécoslovaquie au 20ème siècle et qui n'a que rès récemment acquis son indépendance politique.
L'exposition bénéficie d'une scénographie sobre, épurée mais particulièrement magistrale réalisée par les architectes Iva Berthon Gajsak et Giovanna Coman.
Sous les éclairages judicieusement pensés par Sara Castagné, elles ont superbement structuré le frigidarium, récemment rénové des thermes de Cluny, pour permettre une vision quasi panoramique de l'exposition, qui s'articule autour de la pièce maîtresse qu'est le crucifix de Kezmarok, tout en sublimant les pièces souvent monumentales qui constituent de véritables trésors patrimoniaux pour la Slovaquie.
L'art gothique tardif en Slovaquie : syncrétisme et maîtrise de l'art du retable Cette exposition est exceptionnelle à plus d'un titre. Exceptionnelle bien évidemment parce qu'elle dresse le premier panorama d'envergure de la période médiévale en Slovaquie et permet la découverte de l'art d'un royaume qui se révèle occuper une place majeure dans le rayonnement de l'art gothique en Europe centrale.
Exceptionnelle par les prêts obtenus non seulement auprès des musées, et plus particulièrement de la Galerie Nationale Slovaque qui est le plus grand musée d'art de Slovaquie, mais surtout des édifices religieux slovaques puisque la plupart des oeuvres de cette période sont conservées in situ et ne seront plus visibles que sur place.
Exceptionnelle par la qualité des oeuvres en matière d'art sacré, leur nombre en raison de la prospérité économique de cette province et de la période qui connaît une construction importante d'églises, et leur parfait état de conservation, notamment des sculptures en bois de tilleul polychromes, du fait des conséquences modérées de la Réforme et de la Contre-Réforme.
Enfin, exceptionnelle par leur monumentalité, le retable le plus prestigieux, celui de Saint Jacques de Levoca haut de 18 mètres ne rentrerait pas dans le frigidarium de Cluny pourtant de volume respectable et leur diversité stylistique tout en attestant d'un syncrétisme entre les très fortes influences viennoises et allemandes et l'art italien de la pré-Renaissance.
Si l'exposition présente des manuscrits rares, Bratislava ayant été sous le nom de Presbourg un centre majeur en matière d'enluminure, et de magnifiques pièces d'orfèvrerie religieuse attestant du savoir-faire des artisans slovaques quant au cloisonné et au filigrane, elle révèle la magnifique maîtrise de l'art du retable et de la sculpture monumentale.
Un focus est consacré à Maitre Paul de de Levoca, un des rares artistes de cette époque à avoir été identifiés.
Il se dégage de l'héritage du gothique allemand par le traitement dynamique du drapé des étoffes, qui induit l'illusion du mouvement, le modelé réaliste du corps et un humanisme dramatique rendu par le traitement expressionniste du visage.
Si le traitement presque baroque des tissus est une constante, d'autres artistes adoptent un style plus classique pour l'époque.
Les visages mêmes idéalisés sont empreints d'un rendu émotionnel individualisé qui permet de les distinguer comme ceux de Marie dans le "Relief de la nativité" et dans la "Vierge de l'Annonciation" et pourvus d'une chevelure aux boucles travaillées ("Vierge d'Ondrej").
D'autres oeuvres ("Sainte Catherine d'Alexandrie" et l"Adoration des images") portent déjà l'empreinte du maniérisme italien;
Autres traits distinctifs de l'art slovaque, la monumentalité et la sculpture en ronde bosse qui, notamment, confère une grande modernité à la sculpture telle celle représentant "Saint Sébastien" avec un corps souffrant en torsion ou le "Christ méditant".
Ce dernier fait partie des pièces totalement atypiques et singulières dans la thématique comme le "Trône de grâce", représentation singulière de la Trinité, avec Dieu tenant dans ses bras le Christ crucifié qui constitue un pendant de la déploration de la Vierge et la "Vierge de piété" qui substitue à la déploration extatique l'incitation à la méditation sur la mort.
Une exposition à voir donc en parallèle avec l'exposition "France 1500, entre Moyen Age et Renaissance" qui se tient au Grand Palais. |
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