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lundi 8 novembre 2010

Prix Goncourt

Houellebecq enfin Prix Goncourt

RAPHAËL SORIN : "BRAVO MICHEL"

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Après trois échecs consécutifs, Michel Houellebecq décroche enfin le Graal pour son cinquième roman, 'La carte et le territoire', déjà vendu à 190 000 exemplaires. Raphaël Sorin, son ancien éditeur, revient sur les rapports compliqués de l'écrivain avec l'Académie Goncourt.

« C'est peu de chose, en général, une vie humaine, ça peut se résumer à un nombre d'événements restreint. » ('La carte et le territoire', p. 229). Comme de décrocher le Prix Goncourt à bientôt 53 ans (7 voix contre 2 accordées à Virginie Despentes). Avec 'Les Particules élémentaires', en 1998, Michel Houellebecq a entamé une histoire contrariée avec les jurés de chez Drouant. Malgré les réticences de certains d'entre eux (notamment de Tahar Ben Jelloun), l'écrivain que certains critiques aiment à regarder comme notre Balzac contemporain entre enfin pleinement dans l'histoire littéraire. Une récompense amplement méritée selon son éditeur historique, Raphaël Sorin.

Voir la critique de 'La carte et le territoire '

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Quels sentiments éprouvez-vous à l'annonce du Goncourt ?
Je suis très heureux. C'est génial. On va dire qu'il le mérite amplement, mais c'est une bêtise. Ce n'est pas une question de mérite. J'ai toujours su depuis 'Les particules élémentaires' qu'il était un grand écrivain. Bravo à Michel. Chapeau à Teresa Cremisi, son éditrice. Et merci à Tahar Ben Jelloun qui, en jouant le méchant dans cette affaire (il n'aimait pas 'La Carte et le territoire', ndlr), a permis à Houellebecq d'être enfin couronné.

En un demi-siècle d'édition, vous avez eu des choix très variés. En quoi Houellebecq se distingue des autres auteurs que vous avez publiés ?
J'ai souvent donné dans le bizarre, le décalé. Ce qui m'amuse, c'est de passer de Jean-Louis Costes à Ovidie, de Pacadis à Ravalec, de Burroughs à Bukowski. J'aime la diversité. Houellebecq s'inscrit à sa façon dans cette « ligne ». Il a quand même quelque chose qui l'en distingue : une ambition, une manière irréductible de prendre son siècle à la gorge.

Votre première collaboration avec Michel Houellebecq ?
Je n'ai pas publié son premier roman, 'Extension du domaine de la lutte' (Ed. Maurice Nadeau). J'ai commencé avec 'Le Sens du combat', un très beau recueil de poèmes, qui a reçu le prix de Flore. Michel Houellebecq travaillait alors comme informaticien pour l'Assemblée nationale, un travail assez ennuyeux. J'ai obtenu de Charles-Henri Flammarion (alors directeur de la maison d'édition du même nom, ndlr) de le mensualiser pendant 15 mois. C'était un pari. Cela lui a permis d'écrire 'Les Particules élémentaires'. Il m'a rendu son manuscrit à temps. Je l'ai lu dans la nuit. Le lendemain, je suis arrivé dans le bureau de Flammarion en disant « nous tenons un chef d'œuvre ».

Sur le texte même, vous avez changé des choses ?
Non, ce n'était pas nécessaire. Il maîtrisait son travail. Je lui ai parfois conseillé d'y aller moins fort, quand il mettait quelqu'un en cause. Sur 'Les Particules élémentaires', il y avait une menace de procès, donc on a du changer le nom d'un camping. Sinon, je n'ai touché à rien.

Comment s'est passée la sortie des 'Particules élémentaires' ?
La critique était médusée, tétanisée devant ce livre. Les journalistes ne savaient pas quoi penser. Il a vitrifié la rentrée, on ne parlait que de lui. Là-dessus, premier vrai scandale : une campagne de dénigrement des membres de Perpendiculaire (revue littéraire à laquelle Michel Houellebecq était lié, NDLR). Ça a été important dans le développement de son image sulfureuse. Il a commencé à apparaître sur les listes de prix. Il s'est retrouvé dans l'avant-dernière liste du Goncourt qui a été finalement attribué à Paule Constant, un auteur qui sort de derrière les fagots. Je l'ai mal pris, Houellebecq aussi. J'étais convaincu, à tort, qu'il suffisait d'écrire un grand livre pour avoir le Goncourt !

On dit que les jurés féminins du Goncourt auraient mis leur véto…
Oui, il y avait un problème avec la supposée misogynie de Houellebecq, la crudité de certaines scènes.

'Plateforme', dont l'un des thèmes est le tourisme sexuel, sort en 2001…
Tout commence plutôt bien, fin août la critique est bonne. Mais il y a deux scuds qui arrivent. Le monde fait sa Une sur le tourisme sexuel en dénonçant Houellebecq de façon aberrante. On l'attaque sur la pédophilie alors qu'il n'y en a pas la moindre trace dans le bouquin. Rien. Deuxième attaque encore plus violente : ses propos sur l'islam (le roman se termine sur un attentat islamiste et Houellebecq déclare au magazine Lire : « La religion la plus con, c'est quand même l'islam », ndlr). Il est retiré des listes du Goncourt. Le 11 septembre écrase tout, le livre est enterré.

Cela dit, les polémiques médiatiques, c'est bon pour les ventes, non ?

Non, ce qui est bon, c'est que les gens reconnaissent un grand livre.

En 2005, vous entrez chez Fayard pour y publier de 'La Possibilité d'une île'…
A nouveau, grosse bagarre médiatique. On se dit pourtant que cette fois, ça va passer. Houellebecq se retrouve finaliste du Goncourt. François Nourissier, un des jurés, perd une peu son self-control en disant partout qu'il va voter pour Houellebecq. C'est pire que maladroit. Et Weyergans, qui a enfin terminé son roman après 10 ans de silence, remporte le prix d'une voix. Houellebecq le rate donc pour la troisième fois !

Que pensez-vous de 'La Carte et le territoire', que vous n'avez pas édité ?
C'est réussi. J'ai apprécié son regard sur l'art contemporain. Houellebecq tape juste. La critique dans son ensemble, a été excellente. Qu'est-ce qu'on peut lui reprocher ?

La troisième partie du livre est plus faible... Moi, elle m'amuse. Il faut la prendre pour une parodie de polar. Presque tous les polars, au fond, sont à la limite de la parodie. Il n'y a qu'à (re)lire James Hadley Chase.

Avec ce roman, on parle d'un Houellebecq assagi, qui n'a pas voulu faire de vagues pour plaire aux jurés…
Je ne suis pas d'accord. Il a vieilli, il est différent. Il a compris qu'il fallait aller à l'essentiel. Il regarde la mort en face. Peu d'écrivains le font à ce point, c'est courageux et presque terrifiant.

Pourquoi attache-t-on autant d'importance aux prix en France ? On sait que les intrigues y sont parfois plus déterminantes que la qualité littéraire.
Il y a une part de légende qu'entretiennent les éditeurs pour faire croire qu'ils sont tout puissants. Certaines maisons ont besoin des prix pour boucler leur budget. Sinon, elles tirent la langue.

Pourquoi Houellebecq n'est-il pas au-dessus tout ça ? C'est un écrivain culte, il a les ventes, l'argent, la gloire…
Il ne s'en fiche pas et il a raison. Il y a eu des bons livres primés par le jury Goncourt. C'est un repère historique, une reconnaissance : Michel Houellebecq en a envie, comme tout écrivain.


Propos recueillis par Julien Blanc-Gras

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